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Jouer à Elden Ring en étant hypersensible

Impossible de ne pas l’avoir remarqué, tout le monde parle d’Elden Ring à tout bout de champ depuis sa sortie. Si au début, je n’étais pas le moins du monde intéressé par ce jeu, je me suis fait happer par les différentes vidéos et les différents articles que j’ai vu passer sur Internet. Les avis étaient tellement bons, l’expérience avait l’air si incroyablement novatrice que j’ai décidé de ne pas écouter la petite voix qui me disait que c’était une mauvaise idée, et j’ai fini par me laisser tenter. Spoiler alert : ça ne s’est pas bien passé. Je vais donc vous expliquer pourquoi Elden Ring n’est pas un jeu pour moi, et on va parler d’hypersensibilité.

L'obstacle majeur : la difficulté

La difficulté est la principale raison qui m’a empêché d’acheter le jeu dès sa sortie. Le manque d’accessibilité des jeux From Software est bien connu. Il est même au centre de leurs titres et représente sans aucun doute leur identité. Mais ces titres ont beau être exigeants, tout le monde s’accorde pour dire qu’ils sont aussi addictifs. Ce concept de « die and retry » donne aux joueurs un réel sentiment d’accomplissement une fois un boss vaincu et rend les œuvres du studio fortes et atypiques.

 

Mais voilà, tout le monde s’accorde pour dire qu’Elden Ring, s’il n’est pas moins dur que les autres jeux du studio, possède un fonctionnement bien différent. Beaucoup témoignent que le gameplay en monde ouvert permet d’aller et venir entre les zones difficiles et les plus accessibles. Ce grand niveau de liberté permet de progresser dans le jeu à votre rythme, là où les boss des Dark Soul vous bloquaient inéluctablement. Alors petit à petit je me suis laissé convaincre que moi aussi j’avais mes chances. 

La vision de From Software

Avant de vous expliquer pourquoi j’ai lâchement abandonné au bout de quelques heures, je voudrais revenir un instant sur ce que j’appelle ici : la vision de From Software. Dans les jeux de ce studio, la difficulté à un but. Elle n’est pas là simplement pour faire parler d’elle et frustrer les joueurs. Et cet article n’aura pas pour but de cracher sans réfléchir sur la difficulté de certains titres, mais simplement de vous expliquer pourquoi pour moi, en tant qu’hypersensible, c’est un frein monumental.

 

Dans le New Yorker, Hidetaka Miyazaki se confie sur ce qui l’a poussé à la création de jeux si exigeants, et on comprend en le lisant que ce n’est pas le simple fait de frustrer les joueurs qui l’anime :

Je n'ai jamais été un joueur très doué et je meurs souvent. Donc, dans mon travail, je veux répondre à la question suivante : si la mort doit être plus qu'une simple marque d'échec, comment lui donner un sens ? Comment puis-je rendre la mort « agréable », utile ? [...] Je m'excuse auprès de ceux qui pensent qu'il y a trop de choses à surmonter dans mes jeux. Je veux simplement que le plus grand nombre possible de joueurs connaisse la joie que procure le fait de surmonter des épreuves.

Ce qui est addictif dans les jeux From Software, c’est le sentiment d’accomplissement et de réussite que le joueur ressent lorsque l’épreuve que le jeu a placée devant lui est enfin accomplie. Un sentiment de libération et de puissance, qui montre aux joueurs que tous les défis de la vie sont surmontables, même ceux qui semblent, justement, insurmontables. C’est finalement un beau message d’espoir et de persévérance. Elden Ring donne l’occasion de se dépasser, et les centaines de posts remplis de fierté sur les réseaux sociaux en témoignent. C’était franchement difficile de ne pas se faire happer par l’ambiance.  

Un jeu qui semble mettre tout le monde d'accord

Bien entendu, la difficulté dans les jeux est un débat infini entre ceux qui sont ravis du défi, dans une ère où on prône la consommation rapide et abordable, et ceux qui désespèrent de ne pas pouvoir dépasser le premier quart du jeu. Mais pour une fois, Elden Ring semblait mettre tout le monde d’accord. 

Moi aussi je voulais ressentir ce sentiment de fierté et d’accomplissement. Et puis il n’y avait aucune raison que les autres y arrivent et pas moi. 

 

Alors j’ai téléchargé le jeu et je l’ai lancé, tout excitée d’enfin découvrir l’expérience incroyable dont tout le monde parlait. J’ai posté une photo en story sur Instagram et j’ai reçu plusieurs messages me disant « bon courage », « dis-nous combien de temps du tien », « pleure pas trop ». Au début, j’ai pris tout ça à la rigolade, mes premières morts m’ont fait rire, j’ai trouvé le jeu magnifique, et j’ai très vite déchanté. 

 

Un problème d’égalité

Le problème, c’est que nous ne sommes pas tous égaux face à la difficulté. Qu’ils s’agissent de jeunes joueurs, de personne en situation de handicap, qu’il soit physique ou mental, de joueurs occasionnels ou tout simplement de personne qui n’ont pas envie de se donner corps et âme dans l’amélioration de leur niveau, on ne consomme pas tous du jeu vidéo de la même manière. 

 

Très rapidement, Elden Ring m’a frustrée. C’est bien normal me direz-vous, c’est le principe. Il faut persévérer pour atteindre ce fameux sentiment d’accomplissement promis par le studio. Eh bien chez moi ça n’a pas fonctionné. La magie n’a juste pas opéré. En cherchant des astuces sur Internet, j’ai trouvé un article intitulé : « Elden Ring : cette astuce pour rester calme devant la difficulté du jeu » qui nous dit que la clé consiste à : garder le contrôle de ses émotions. Ah. 

Elden Ring et l'hypersensibilité

En tant qu’hypersensible, j’ai énormément de mal à garder le contrôle de mes émotions justement. Qu’elles soient positives ou négatives, j’ai tout le temps l’impression qu’elles débordent. Pour moi la tension, la frustration, la colère ou la peur sont des sentiments qui peuvent être très rapidement décuplés au centuple dans des situations que je ne maîtrise pas. D’ailleurs, les réactions que suscite Elden Ring, les déferlements, positifs ou négatifs sur les réseaux sociaux, et la façon dont certains joueurs ont l’air d’y laisser une partie d’eux-mêmes, auraient pu me mettre la puce à l’oreille, car je sais très bien quel impact certains jeux peuvent avoir sur moi. 

 

Certains titres demandent de la maîtrise de soi pour être appréciés, il demande du sang-froid, de la logique et de la persévérance. Depuis quelques années, ce n’est plus ce que je recherche. Je joue aux jeux vidéo pour m’évader, me détendre et prendre part à toutes sortes d’aventures plaisantes. Je ne cherche ni le challenge ni la difficulté et je n’ai pas honte de le dire. L’angoisse et la pression, je les laisse à la vie quotidienne. Céline en parle très bien dans son article : « Comment se sentir mieux avec les jeux vidéo et d’autres techniques », jouer peut contribuer à se décharger de ses émotions négatives et à se sentir bien, et c’est exactement l’usage que j’en fais. Mais voilà, l’engouement général qu’à provoquer Elden Ring m’a poussé à tenter l’expérience. Pourtant, je sais pertinemment que ces jeux sont adressés à un certain type de joueurs, et qu’il faut parfois accepter qu’on ne soit tout simplement pas le public visé.

Conclusion

Dans tous les cas, je suis ravie d’avoir tenté l’expérience. Si vous non plus vous n’avez pas tenu plus de deux heures dans l’univers d’Elden Ring, sachez que vous n’êtes pas nul, ce n’est juste pas un jeu pour vous. Bien entendu, tout cela ne représente que mon avis et mon ressenti de personne hypersensible. Le succès du jeu montre bien à quel point il a trouvé son public et c’est tant mieux ! 

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3 commentaires

  • Foxplore

    Belle preuve de courage que d’avouer son hypersensibilité et encore plus dans le milieu du jeu-vidéo où certaines communautés peuvent être « cancer ». Je me retrouver complétement dans tes ecrits. J’adore le concept des « souls », le lore fourni et le médival fantaisie. J’ai pu jouer à Dark Souls 3 et très rapidement il m’a frustré. Chaque ennemi devenait une epreuve qu’il fallait recommencé encore et encore. Mais quand Elden Ring est arrivé j’ai eu la même réaction et heureusement que je n’ai pas mon ordinateur sous la main parce que j’aurai fait une erreur. Merci encore pour ce partage

  • Rodrigues Marc

    Je suis un grand amateur des Souls, ce sont pour moi des jeux qui permettent de progresser le mental et de mieux se connaitre. C’est tant mieux que tu ais compris qu’il ne faut pas se forcer et se faire du mal pour rien.
    On vit dans une ère où beaucoup de choses sont possibles, si l’histoire t’intéresse, il y a pléthore de sites internet pour se renseigner sur le monde des Souls, partager les théories et suivre les streamers. o/

    Ca me rappelle dans les jeux de stratégies (comme Fire Emblem), où je pouvais passer des heures à monter le niveau de mon équipe pour rouler sur les missions sans trop de difficultées. Il y a toujours moyen de s’amuser à sa façon.

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